mercredi 27 juin 2007

LETTRE OUVERTE DE 2 COMEDIENNES


9 mois d’angoisse et de tensions
dans une maltraitance de dossier Assedic.
Nous avons décidé de vous informer de la manière dont nous sommes traitées comme l’ont été, le sont et le seront d’autres artistes par les Assedic depuis la décision du gouvernement (néo-libéral) avec des méthodes dignes d’un régime totalitaire de mettre en place une course- poursuite au travail dit illégal dans le spectacle. Et bien sûr, qui en sont les victimes ? Les plus faibles, les plus vulnérables, c’est-à-dire les artistes qui essaient d’œuvrer comme nous pour la culture et l’éducation en région avec toutes les prises de risque que cela comporte.

Comédiennes, respectivement depuis 1975 et 1980, et filles de comédien, nous avons œuvré pour la création artistique et l’éducation artistique en Bretagne
puisque nous sommes bretonnes.
Nous n’avons jamais été confrontées à une telle agression morale et financière de toute notre carrière. L’ASSEDIC de Bretagne nous demande de rembourser la somme totale de 32000,00 €
(209906,24 Francs).

Cas n°1 : Yzabel

En octobre 2005, mes droits aux allocations chômage se terminent. Je suis donc en réactualisation comme on dit dans le métier. Sans que je le sache, une chasse digne d’un triller américain va commencer.

Au bout de 2 mois sans nouvelle de mon dossier, j’écris et je fais une réclamation. Rien ne m’est répondu. Je fais plusieurs réclamations et brusquement en février 2006, je reçois une demande de trop perçu de 1500 €. Je conteste et leur demande une réponse sur mon avis d’admission. Je reçois un courrier le premier donc 4 mois après qui me dit que mon employeur est sous contrôle et que je dois le contacter.

De février à mai 2006, je n’ai aucune nouvelle. C’est à ce moment là que le syndicat CGT va intervenir mais, il n’y aura aucun effet. Courrier sur courrier,téléphone, déplacement rien y fait.

En juin 2006, complètement bloquée par tant de silence inquiétant et menaçant, je demande le RMI.

Le 12 août 2006, après un énième courrier envoyé aux Assedic et soutenus par le syndicat, je reçois un avis de trop perçu de 16000 €.

Le 25 août 2006, je suis convoquée aux Assedic. Je m’y rend avec mon représentant syndical et là, une attaque en règle bien orchestrée m’est infligée. Je vais subir une pression psychologique. D’abord, on me dit qu’une vérification auprès des mairies et autres organismes sur mes emplois a été faite.
Ensuite, que je ne réunis pas depuis 2003 les 507 heures nécessaires à une ouverture de droits et que je leur dois une somme délirante que je suis bien entendu dans l’incapacité de rembourser.
Ils ont réussi leur coup, je suis complètement déstabilisée, oppressée et au bord de la dépression nerveuse. Je ne voulais pas pleurer mais je n’en peux plus, je craque. La personne me tend une boite de kleenex promptement (je ne dois pas être la seule à qui elle propose ce petit mouchoir de papier !). Je vous informe aussi que jusqu’à présent, je n’avais pas été autorisée à être reçue puisque les employés que j’ai rencontrés au guichet n’étaient pas au courant de mon dossier.

Je vous signale aussi que depuis de nombreuses années, je me suis présentée à des élections et en particulier en 2004 lors des Elections Régionales sur la liste : « BRETAGNE VERTE UNIE ET SOLIDAIRE » et que depuis novembre 2005 j’ai aussi des responsabilités dans un nouveau syndicat .
Cas n°2 : Korine

Au contraire d’Yzabel, (alors que nous travaillons pour le même employeur) je reçois un courrier d’admission ARE (allocation de retour à l’emploi) pour une ouverture de droits le 01 octobre 2005 pour une durée de 243 jours
(selon malheureusement le nouveau protocole qui éjecte chaque jour de nombreux artistes de l’intermittence).
Mais voilà qu’au cours de cette période, soit le 19 décembre 2005, l’Assedic de Rennes (appui à la production, j’ignore ce que c’est) m’adresse un courrier me réclamant les copies de contrats de travail du 02 juillet 2004 au 30 septembre 2005 ainsi que tous les justificatifs de versements de salaires correspondants. À savoir, mes relevés bancaires. Sans me donner de délai, le versement de décembre est bloqué. Par mail, je demande le décret qui leur permet de consulter mes comptes. Pas de réponse. Ma lettre recommandée du 09 janvier a pour effet de débloquer mon versement de décembre. J’envoie donc uniquement mes contrats de travail.
Le 02 juin 2006, 2ème courrier de Rennes dans lequel il m’est demandé de fournir à nouveau mes contrats de travail mais cette fois pour les année 2003, 2004, 2005 ainsi qu’un tableau à compléter avec les dates de représentations, les lieux de représentations et l’objet des représentations. Idem, sans même me laisser de temps, mes versements sont suspendus. Autant dire que rassembler toutes ces informations me prend beaucoup de temps que je ne passe pas à rechercher des contrats.
Le 26 juillet 2005, coup de massue, je reçois une notification de « trop perçu » dont la somme modique s’élève à 16691,37 € (109 488,21 Francs) et, bien entendu, sans aucun motif.
J’en suis totalement démontée. Je ne dors plus, j’ai des angoisses terribles ! L’Assedic a pour habitude de m’adresser ses courriers le vendredi. Comme ça, on a tout le week-end pour ruminer et se faire des cheveux gris. Voire un bel ulcère ! (D’ailleurs, je souffre de sérieux problèmes digestifs). Heureusement, autour de moi, on me soutient.
Comment se défendre face à une administration
qui n’a pas de visage et qui reste sourde ?
Je prends contact avec un délégué syndical du SFA (syndicat Français des artistes) puis conseil auprès d’un avocat.
Le 04 août 2006, je me rends à la convocation de l’ASSEDIC de Quimper dont je dépends, en présence de ce même représentant. Là, surpris par sa présence, un conseiller nous donne une vague explication orale. Mes contrats seraient, au regard de l’ASSEDIC, mensualisés et par conséquent les cachets qui comptent 12 heures seraient réduits à 8 heures. Plus assez d’heures, donc pas de droits aux allocations ! Et voilà tout. Comme ça après 3 années, Il y aurait eu une erreur de calcul ! Je passe maintenant les détails techniques,
j’en ai donné suffisamment.
Sur place, par écrit, je conteste cette décision ce qui a pour effet, d’après le conseiller, de suspendre la dette jusqu’à l’obtention d’une réponse venant du service juridique. Parallèlement, j’envoie une lettre recommandée confirmant cette contestation et je demande à nouveau une explication noire sur blanc. Par courrier recommandé, Quimper affirme transmettre à Rennes ma réclamation.
Le 30 août, encore une lettre recommandée de Quimper qui ne répond en rien à ma demande mais qui persiste à me réclamer la somme de 16691,37 pour la raison suivante : vous n’avez pas exercé de recours, vous devez rembourser cette somme avant le 14 septembre sous peine de poursuites…

Nous en appelons aussi à votre soutien
à titre bien sûr personnel.

Mais nous lançons un appel pour le soutien à l’ensemble de ma profession qui souffre.
Mais aussi à tous les précaires, aux travailleurs pauvres de ce pays.


Merci

Trugarez vras comme on dit en Bretagne.

Yzabel et Korine.

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